D.S.2 - Dématérialisation et politique monétaire - 2 heures

P.E.S.1 - 25 novembre 2005 - Lycée Koeberlé - Mme Galy

(D'après le sujet pages 68-69 du manuel de SES de première, Bordas, 2005)

 

Document 1 : La création monétaire anticipe la création de richesses

La création monétaire est une mise en branle de forces économiques, du travail, des matières premières, des inventions, de la technique, de la production, de la consommation, une anticipation de l'activité économique. […]

Encore faut-il que cette anticipation soit saine : toute création monétaire saine débouche sur une destruction monétaire équivalente. Par exemple, je prête de l'argent à un constructeur de voitures, je lui fais un crédit. Avec ce crédit, il embauche des ouvriers qui construisent les voitures et il les paye. Avec leur salaire, les ouvriers achètent les voitures. L'argent revient chez le constructeur, et le constructeur rembourse son banquier. Argent créé, argent détruit égalent opération saine. Crédit, remboursement.

Prenons un second exemple. Je suis banquier, j'anticipe sur la nouvelle économie, sur des téléphones portables avec Internet, et je facilite la création d'entreprises qui en fabriquent, mais personne ne veut de cette nouvelle génération de téléphones. J'ai payé des gens, en tant que fabricant, mais ceux-ci ne veulent pas de ma marchandise. Je suis donc incapable de rembourser et ma dette ne s'éteint pas. La création monétaire n'est pas suivie d'une destruction. Je traîne mes dettes, comme le Japon traîne des dettes suite à une immense spéculation immobilière, comme France Telecom traîne des dettes suite à une mauvaise anticipation de l'activité économique, comme Vivendi traîne des dettes suite à des investissements dans des portails sans clients sur Internet, comme l'Argentine traîne des dettes vis-à-vis du F.M.I. parce qu'elle a été incapable de faire fructifier l'argent qu'il lui a prêté, à tort.

Nous percevons mieux la nature de la monnaie : des dettes (des créances sur la banque émettrice) qui circulent. Des dettes, qui, si elles sont saines, doivent, par l'activité économique, provoquer leur remboursement.

Source : Bernard Maris, «  Antimanuel d'économie  », Bréal, 2003, p.220.


Document 2 : La crise russe de 1998

Sur ses livres de comptes, Vadim Skorbiachtchev fait des additions en roubles. « Tout est converti en monnaie russe », assure le directeur de Smolmiaca, une conserverie de viande et de produits dérivés plantée au cœur de Smolensk. Mais en alignant les chiffres, Vadim Skorbiachtchev a en tête bien d'autres moyens de paiement : le dollar, bien sûr, et puis le cuir, les boîtes de conserve, les saucissons, les vaches et les cochons, le pain et les raviolis que son usine produit, tout comme des casquettes, des chaussures et même des semelles. [...]

La crise financière d'août 1998 est venue aggraver une situation remontant aux temps soviétiques. Le rouble est devenu une monnaie fantôme qui n'irrigue plus qu'une faible partie de l'économie russe. Plusieurs régions et entreprises ont d'ailleurs sauté le pas en développant des monnaies de substitution comme les «talons», des bons d'achat de papier largement distribués aux salariés qui ne peuvent plus être payés ou aux retraités dont la pension n'est pas versée. [...]

L'inexistence d'un système de crédit, la paralysie des banques depuis août 1998 poussent au développement de cette économie démonétarisée.[...]

Le gouvernement russe reconnaît désormais que, de 60 % à 70%, l'économie du pays fonctionne sur des systèmes de troc de paiements en nature. [...] Le schéma peut être des plus simple : Smolmiaca paie ainsi une partie de ses impôts en pain et en viande qui approvisionnent les hôpitaux et les écoles de Smolensk. Il devient complexe quand la région est payée en production dont elle n'a aucun usage. Il faut alors rentrer dans un système d'échanges en cascade, avec des intermédiaires en tous genres. L'administration du district de Smolensk achète ainsi le charbon de sa centrale de chauffage urbain avec de l'électricité. «Il nous faut trois intermédiaires puisque la mine n'a que faire de notre électricité mais veut d'autres produits », explique le directeur financier. Au fur et à mesure, prix et coûts de revient se diluent dans ces chaînes de troc, qui favorisent la corruption et les détournements de toutes sortes.

Source : François Bonnet, Le Monde, 7 mars 1999.

 

Document 3 : Effets attendus d'une politique monétaire expansive

 

 

 

Travail préparatoire (/10, 2 points par question) :

1)  (Doct. 1) : Sur quels éléments peut se fonder la décision du banquier d'accorder ou non des crédits aux entreprises ?

2)  (Doct. 1) : Pourquoi dit-on que «  les crédits font les dépôts  », est-ce toujours vérifié ?

3)  (Cours) : Expliquez comment la dématérialisation de la monnaie (laquelle ?) a pu favoriser l'essor du commerce puis l'industrialisation au XVIIIè siècle en Europe.

4)  (Doct. 2) : Quels sont les inconvénients et effets pervers de la «  démonétarisation de l'économie russe  » depuis 1998 ?

5)  (Doct. 3) : Expliquez les 2 enchaînements numérotés 1 et 2‚ représentés par les flèches.

 

 

Question de synthèse (/10) : (introduction et conclusion sont encore facultatives)

Après avoir montré que la dématérialisation de la monnaie, le développement des échanges et la création de richesses toujours plus importantes se produisent ensemble et s'influencent, vous expliquerez pourquoi et comment la Banque Centrale doit cependant contrôler la création de monnaie scripturale.

 

 

Barème synthèse :

Plan suivi

Définition des mots clés

% et exemples

1 seule idée par § ; alinéa en début de §

Mots de liaison

Utilisation de tout le TP et tous les doct. dans la synthèse

Sujet compris et traité

Ajout de connaissances de cours

Clarté

Expliquer et pas seulement affirmer

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Voir le corrigé

 

 

marjorie.galy@wanadoo.fr