Eléments de correction du D.S.2 « Dématérialisation, croissance et politique monétaire»

P.E.S.1 – Novembre 2005 – Lycée Koeberlé – Mme Galy

 

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1) Sur quels éléments peut se fonder la décision du banquier d'accorder ou non des crédits aux entreprises ?

2 aspects :

•  par rapport à l'entreprise elle-même : quelle est sa solvabilité (capacité à rembourser, niveau de son épargne) et son taux d'endettement existant, sa crédibilité  (entreprise débutante ou expérimentée, grosse ou petite) …

•  par rapport au projet que doit financer le crédit. Quelle est la profitabilité attendue de l'investissement ? Quels sont ses chances de réussite (risqué ou pas) ? A quelle échéance commencera-t-il à rapporter de l'argent ? Quel niveau de profit supplémentaire en attendre ?

Pour répondre à ces questions les banques ont des analystes financiers (qui épluchent les bilans des entreprises clientes) et des économistes qui réalisent des études micro et macroéconomiques afin de guider les décisions de crédit de leur banque. Quels sont les secteurs d'activité rentables et tournés vers l'avenir, les activités en déclin déjà peu profitables ? Comment se portent les concurrents ? Quel sera le contexte macroéconomique nationale et internationale à court et moyen terme ? Quel niveau de croissance attendre dans les 3-5 ans à venir ? Le moral des ménages est-il optimiste, consomment-ils assez ou épargnent-ils trop ? Les entreprises projettent-elles d'embaucher ou d'investir ou au contraire anticipent-elles des licenciements ? Veulent-elles délocaliser, racheter leur(s) concurrents, exporter vers de nouveaux marchés ? etc.

2) Pourquoi dit-on que «  les crédits font les dépôts  », est-ce toujours vérifié ?

Dans une économie où 90% de la masse monétaire est constituée de monnaie scripturale elle-même issue du crédit bancaire, ce sont en effet les crédits qui font les dépôts bien plus que les dépôts ne font les crédits. L'argent prêté par les banques n'est pas celui préalablement déposé par les épargnants. La banque a un pouvoir de création monétaire qu'elle utilise à chaque fois qu'elle accorde un crédit. En effet, lorsqu'une banque accorde un crédit à un agent économique (entreprise ou ménage le plus souvent), elle réalise cette opération en créditant le compte de l'agent de la somme prêtée (un simple jeu d'écriture). Cet argent a vocation à être dépensé (consommation ou investissement), ce faisant il va être « injecté » dans le circuit de l'économie et donc déposé par d'autres agents (ceux qui auront vendu des B&S de consommation ou d'investissement et reçu cette « monnaie-crédit » en paiement) et ainsi crédité à leurs comptes. Ainsi le crédit initialement accordé génère des dépôts, le tout libellé et dépensé essentiellement en monnaie scripturale ; les banques s'assurant seulement de pouvoir faire face aux demandes d'espèces (pièces et billets = monnaie manuelle = monnaie fiduciaire) de l'ordre, en moyenne, de 10% des comptes de leurs clients. Cet adage est toujours vérifié. En effet, même lorsque le crédit accordé finance un projet économique qui échoue, l'investissement dépensé génère des dépôts en cascade… Le crédit est toujours l'origine d'une impulsion monétaire de dépenses et donc de dépôts successifs dans l'économie même lorsque la dette n'est pas éteinte.

3) Expliquez comment la dématérialisation de la monnaie (laquelle ?) a pu favoriser l'essor du commerce puis l'industrialisation au XVIIIè siècle en Europe.

La dématérialisation de la monnaie évoquée est celle de l'essor de la monnaie fiduciaire et du déclin de la monnaie métallique à valeur intrinsèque. Les billets (certificats de dépôt) apparaissent et remplacent peu à peu l'or et d'argent (a). Cette « deuxième dématérialisation (b) » fonde aussi l'existence de la banque . Cette dernière a permis l'essor du commerce en simplifiant et sécurisant les paiements et donc les échanges de marchandises. La monnaie a ainsi pu circuler plus rapidement et plus aisément entre agents économiques, ce qui a « huiler les rouages » de l'échange qui se sont donc accru. Par là même, la production a dû suivre et se développer (industrialisation) mais surtout, la dématérialisation a permis d'accroître le potentiel de crédits accordés aux entrepreneurs et aux pouvoirs publics et donc leurs capacités d'investissement en nouvelles machines, nouvelles usines, nouvelles organisation du travail, invention de nouveaux biens et services, nouvelles routes et voies de communication… c'est-à-dire l'industrialisation du pays.

4) Quels sont les inconvénients et effets pervers de la «  démonétarisation de l'économie russe  » depuis 1998 ?

Inconvénients  : La disparition du rouble comme monnaie (c) gène et réduit les échanges à cause du retour au troc (60 à 70% des échanges !) qui en découle. Réapparaît alors la lourde contrainte de la double correspondance (d). Retour du spectre de l'époque de l'URSS : les pénuries et les fils d'attente. En découle également l'inexistence du système de crédit puisque le rouble n'est qu'une monnaie fantôme sans confiance donc pas de crédits possible en rouble, d'où paralysie des banques (baisse d'activités car pas de crédits donc peu de dépôts…fuite devant le monnaie).

Effets pervers  : Complexification du système de prix (nombre de prix relatifs > nombre de prix nominaux en monnaie) => non transparence du système de prix (pas d'affichage du prix et difficultés à pouvoir mémoriser, connaître et comparer tous les prix relatifs) d'où résultent corruption et détournements de toute sorte.

5) Expliquez les 2 enchaînements numérotés 1 et 2‚ représentés par les flèches.

(1)  Une baisse des taux d'intérêt accroît le crédit car ce dernier devient moins coûteux. Les banques accordent des crédits aux ménages (crédits à la consommation : gros achats, par exemple voiture neuve, ou investissement : accession à la propriété : logement) et aux entreprises qui financent ainsi leurs investissements qui, en conséquence, s'accroissent. Cependant il faut mettre un bémol à cette enchaînement. Lorsque « l'économie est trop déprimée » et les anticipations des agents pessimistes (les ménages reportent leur consommation et épargnent davantage même si les taux d'intérêt sont faibles et/ou diminuent ; et les entreprises n'investissent pas car peu de perspectives de ventes) alors une diminution des taux d'intérêt n'entraîne pas un accroissement des dépenses (demande et investissement). C'est ce que l'économiste John Maynard Keynes nomme la «  trappe à liquidité  » (=inefficacité d'une politique monétaire expansionniste de relance de la croissance [«  difficile de pousser une corde  »]

(2)  Une augmentation du PIB entraîne une augmentation des prix car l'augmentation du PIB signifie une augmentation des richesses créées et donc distribuées et dépensées par la suite. Cette accroissement des demandes (consommation et investissement) tend à être supérieure aux offres (les capacités de répondre à cette demande) car l'offre est plus rigide que la demande. Offrir = produire = investir ce qui prend plus de temps que de demander (consommer est un acte quasi instantané). C'est ce décalage temporel de réaction de l'offre à la demande qui peut générer une hausse des prix (D>O = á prix la plupart du temps).

Par ailleurs, quand le PIB s'accroît, cela signifie que les entreprises gagnent plus d'argents. Ce gain ne tarde pas à susciter des réactions des salariés qui demandent leur part du gâteau. Les augmentations de pouvoir d'achat qui en résultent stimulent la demande (consommation) … De plus, les entreprises sont tentées suite aux augmentations de salaires d'accroître leurs prix de vente afin de conserver leur marge bénéficiaire…(Non attendu au DS mais supposé acquis désormais)

Synthèse :

I) La dématérialisation de la monnaie, le développement des échanges et la création de richesses toujours plus importantes se produisent ensemble et s'influencent…

Il fallait montrer l'interaction (a <=> b) entre dématérialisation et essor des échanges :

A) Dématérialisation ( = crédit monétaire possible ) permet dév échanges => dév richesses / Q2, Q3, + cours : dématérialisation contemporaine (90% de la masse monétaire est scripturale). + contre-ex crise russe/rouble retour au troc paralyse l'économie ( Q4, doc2 )

B) Dév échanges => dév richesses ont besoin de la dématérialisation de la monnaie et l'alimentent / Q1, Q3

 

II) … pourquoi et comment la Banque Centrale doit cependant contrôler la création de monnaie scripturale.

A) Nécessité de contrôler la quantité de monnaie en circulation (ni trop = risque d'inflation, ni trop peu = faiblesse de la croissance, voir doc.1 ) d'où action de la BC qui pilote la politique monétaire (expansive ou restrictive – doc.3 ) / Q5

B) Si BC pas garante de la monnaie et du contrôle de sa quantité, risque de fuite devant la monnaie et de retour au troc et/ou d'adoption d'une monnaie étrangère (dollarisation de l'économie russe) / Q4 – doc.2

 

 

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Bilan

Moyenne : 9,9 / [ 5-15 ]

 

Sur la forme :

1) Participe passé de « devoir » : dû (pour ne pas confondre avec « du pain », due, dus, dues .

2) Que + subjonctif et non présent (« le fait qu 'il soit  » et non « le fait qu'il est »)

3) « En effet » toujours en début de phrase. Remplaçable par « ainsi », « puisque », « dans la mesure où »…

4) Pensez à garder du temps et de l'énergie pour la synthèse (planifiez mieux votre temps et faite un plan succinct avant de commencer à rédiger la synthèse afin de vous assurer que tout le T.P. est utilisé).

 

Sur le fond :

1) Le troc ne s'effectue pas en monnaie marchandise (par ex. coquillage)

2) Sur l'investissement :

- Les politiques monétaires expansionnistes ne visent pas seulement à relancer la consommation mais aussi l'investissement.

- Les crédits aux entreprises ne servent pas à financer l'embauche de travailleurs mais des investissements qui eux peuvent nécessiter embauche.

- Un ménage qui achète une voiture n'investit pas mais consomme. (pour les ménages, investissement = achat de logement, achat de voiture est un investissement pour une entreprise).

3) La Banque Centrale a le monopole de l'émission de billets et non le monopole de la création monétaire.

 

***

 

(a) Même si dans le même temps existe et se développe la monnaie scripturale, ce n'est que plus récemment qu'elle s'est imposée pour se substituer aux billets (« 3 ème dématérialisation »). En effet, la carte de paiement apparaît en France dans les années 1980 et l'usage du chéquier ne se développe, pour les particuliers, qu'au Xxème siècle).

(b) Voir cours : 1 ère dématérialisation : de la monnaie marchandise à la monnaie métallique, 2 ème  : de la monnaie métallique à la monnaie fiduciaire, 3 ème  : de la monnaie fiduciaire à la monnaie scripturale.

(c) ne remplissant plus les 3 fonctions que sont (i) moyen de paiement (ii) unité de compte (iii) réserve de valeur

(d) trouver quelqu'un qui souhaite échanger avec soi, sinon entrer dans une chaîne d'échanges pour se procurer le bien voulu après un ou des détours : j'ai des pommes, je veux des bananes mais celui qui a les bananes veut des poires et non des pommes, il faut donc d'abord que j'échange mes pommes contre des poires pour ensuite, avec mes poires, échanger contre des bananes, avec tous les inconvénients de ce détour : problème de stockage, de dégradation des denrées, de disponibilités…

 

 

marjorie.galy@wanadoo.fr