Eléments de correction du DS5 1ES3 Kléber mai 2005.
Sujet tiré du Manuel première de SES Bréal page 167 (édition 2001).
1) En quoi consiste l'extension des rapports marchands à la procréation et aux liens de filiation ? (doc1) 2 points
Grâce aux progrès de la recherche médicale, certains pays européens autorisent le DPI (diagnostic pré-implantatoire), service rendu aux couples ayant recours à la PMA (procréation médicalement assistée). Ce service est rendu et donc produit, sa marchandisation ou non ne tient qu'à la réglementation… En théorie rien n'empêche un laboratoire privé (au lieu de l'hôpital public) de faire du profit en vendant ce diagnostic, qui peut de surcroît, aller de plus en plus loin…(voir Q2) Pour les liens de filiation, il s'agit aussi dans certains pays où la loi l'autorise, de la vente et de l'achat de gamètes (ovules ou spermatozoïdes), d'embryons (ceux, surnuméraires des couples ayant eu recours avec succès à la FIV) voire même de l'utérus d'une femme (mères porteuses). Dans ces cas, les enfants résultent de l'intervention de 3 « parents »… ce qui transforme les liens potentiels de filiation (voir Q2)
2) Quels en sont les dangers ? (doc1) 2 points
Si on va plus loin, il pourrait s'agir pour les couples, d'acheter des informations sur les aspects physiques (couleur des yeux, taille…) de leur futur enfant et de la possibilité de sélectionner des embryons selon des critères de moins en moins médicaux, bref choisir un enfant comme on choisit une voiture sur catalogue… : le désir d'enfant réduit à un choix de consommateur. L'Allemagne nazie (et d'autres pays) a produit des théories eugéniques et pratiqué des recherches pour obtenir une société aryenne génétiquement pure… La maîtrise du code génétique ouvre la porte à de telles répétitions historiques : des enfants à la taille mannequin, au physique d'athlète, à la longévité et aux risques de maladies maîtrisés (obésité, diabète, allergies, maladies cardio-vasculaires mais aussi perte des cheveux, vieillissement de la peau…)… Bref un mode de clones ou la diversité de l'espèce humaine s'amenuiserait. Concernant les liens de filiation, des études montrent que les enfants dont au moins un des parents légaux n'est pas le parent biologique peuvent être psychologiquement fragilisés, d'autant plus s'ils ne peuvent connaître l'identité de ce 3 ème parent (adoption, donneurs de gamète ou mère porteuse)…
Un cas inextricable
Une petite fille, Elisabetta, est née ces-jours-ci en Italie, deux ans après la mort de sa mère naturelle, de sa mère génétique. Et elle est née après avoir été portée pendant neuf mois par la propre sœur de son père génétique. Histoire démente ! Il y a deux ans, la vraie mère d'Elisabetta, femme souffrant de stérilité et désirant fort normalement des enfants, avait fait confiance aux médecins et à la PMA pour l'y aider. Après prélèvement de plusieurs de ses ovules et fécondation en éprouvette par le sperme de son mari, les embryons furent congelés dans l'attente d'une implantation qui ne put jamais se faire. En effet, la jeune femme se tua dans un accident.
Plus d'un an après sa mort, plusieurs de ces embryons sont implantés dans l'utérus de la propre sœur du mari. Celle-ci et son frère entendent ainsi perpétuer « ce désir de maternité brisé par une mort précoce ». La grossesse se passe bien. Et après neuf mois de gestation, Elisabetta, fille de sa tante porteuse, vient au monde.
Juridiquement le cas est inextricable. La loi italienne veut en effet que soit déclarée mère légale celle qui accouche. Ce qui fait que légalement la petite Elisabetta est née fille de sa tante et de père inconnu. Et que, tout aussi légalement, elle est devenue la nièce de son propre père.
Pierre Georges, Le Monde, 13 janvier 1995.
3) Commenter la donnée statistique entourée dans le document 2. 2 points
En 1997, d'après un sondage CSA, 41% des personnes interrogées répondent avoir peur lorsqu'on leur demande leur sentiment quant au fonctionnement actuel du système économique. La question ne précise pas ce qu'il faut entende par « fonctionnement actuel du système économique » : quel système, quel fonctionnement ?. On peut cependant supposer que ceux qui disent avoir peur pensent à un système économique insuffisamment maîtrisé et contrôlé et qu'à l'inverse ceux qui répondent avoir de l'espoir (17%) perçoivent plus favorablement le système économique actuel et son fonctionnement. Si on ajoute les 41% qui disent avoir peur aux 31% qui disent être révoltés, on obtient plus de 70% des enquêtés qui manifestent leur malaise au fonctionnement mixte de l'économie de marché en France (jugée alors trop libérale ?).
4) Comment l'échange marchand peut-il menacer le lien social ? (doc3) 2 points
L'échange marchand, s'oppose au troc et au don en cela qu'il est un échange instantané qui libère de tout engagement affectif et/ou symbolique l'offreur et le demandeur. Ainsi à mesure que l'économie marchande se développe le lien social engendré par le don et le troc diminue pour être remplacé par des liens commerciaux anonymes non générateur de solidarité.
5) Montrer la dimension sociale de l'échange marchand (doc3) 2 points
Cependant, certains rapports marchands ne sont pas dénués de toute dimension sociale. En effet, dans les commerces de proximité, il est courant que les commerçants connaissent les clients qui manifestent leur fidélité en allant toujours chez le même commerçant (cad en ne faisant pas jouer la concurrence prix). La gentillesse et la prévenance de certains commerçants avec leurs clients (agés…) n'est cependant pas dénuée de considérations marchandes !
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Introduction : Les mécanismes de marché correspondent, selon les économistes néoclassiques, aux capacités auto-régulatrices de l'échange marchand lorsqu'il a lieu en situation de concurrence (pure et parfaite). On peut reconnaître une part de vérité à cette affirmation, car en effet, la libre concurrence engendre des effets positifs sur le dynamisme d'une économie ; d'où l'utilité revendiquée des mécanismes de marché. Mais, l'observation du monde économique et sociale, permet de s'interroger. En effet, on peut se demander si les mécanismes de marché, bien qu'utiles, n'engendrent pas aussi des effets pervers, et s'ils sont toujours capables de répondre à tous les besoins économiques et sociaux. Ainsi, nous expliquerons dans une première partie quelle est l'utilité des mécanismes de marché, puis, dans une deuxième partie, nous mettrons en évidence les limites, qu'un marché laissé à lui-même, engendre.
1) L'utilité du marché
Il fixe le prix d'équilibre : le « bon » prix, le prix « juste »
Il fixe la quantité d'équilibre : pas de pénurie ou d'excédents
La pluralité d'offreurs assure la baisse des prix, l'amélioration de la qualité, encourage l'innovation et la diversité des biens et services.
La rencontre de l'O et de la D produit de l'information (le prix en hausse d'un bien indique à des entreprises potentielles qu'il y a insuffisance de l'offre et qu'il est donc rentable de se lancer dans la production de ce bien) et engendre un « darwinisme économique » : seules les entreprises rentables et efficaces survivent, les autres disparaissent, ainsi les facteurs de production ( K et L) ne sont pas gaspillés (pensez au système d'économie planifiée de l'ex-URSS).
Le marché et l'échange marchand peuvent, dans certaines circonstances (petits commerces de proximité), produire du lien social sans pour autant que ce soit l'objet ou la fonction première de l'échange marchand (doc.3).
2) Les limites du marché
Mais le marché livré à lui même dégénère vers le monopole (résultat du darwinisme économique), engendre de nombreux effets externes négatifs (pollution), ignore les effets externes positifs (infrastructures) et/ou les biens collectifs (éducation).
Certains domaines ne peuvent pas être marchandisés d'un point de vue éthique (quoi qu'en disent des économistes comme le prix Nobel Gary Becker). Il s'agit de tous les domaines touchant de trop prêt à la vie humaine : dons d'organes, procréation, adoption…(doc.1)
Les agents économiques ne peuvent être réduits à de simples consommateurs comme les néo-classiques le laissent entendre. Ils sont aussi des travailleurs et des citoyens. D'ailleurs, ces derniers ne s'y trompent pas et expriment leur besoin de protection en se déclarant très majoritairement apeurés (41%) voire révoltés (31%) par le fonctionnement actuel de l'économie (doc.2)… On peut faire l'hypothèse que ceux qui répondent ainsi, perçoivent l'économie et son fonctionnement comme violents envers l'homme et l'écosystème, incomplet en matière de productions non marchandes et prédatrice du lien social (disparition des commerces de proximité) ; et qu'ils en appellent ainsi à plus de régulations du marché : pour l'encadrer, le seconder, et réparer les dégâts qu'il engendre (pollution, chômage, inégalités et pauvreté…)
Conclusion : On a donc vu que la concurrence était certainement le mode le plus efficace économiquement pour produire, mais que cette efficacité était limitée et ne couvrait pas certains domaines ou bien qu'elle engendrait des effets pervers et des nuisances sérieuses. Les économistes ne s'y trompent d'ailleurs pas (y compris la plupart des néo-classiques) qui montrent aussi que le marché doit être réglementé pour bien fonctionner et ne pas détruire la société. L'essentiel des débats portent alors sur les périmètres et les modalités des régulations à mettre en place.
Auteur : marjorie.galy@wanadoo.fr